Les coquelicots rendent niais
Et pendant que moi, je peignais dans le jardin, sous le soleil de plomb et ruisselant de tous mes pores, toi, tu te prélassais à l’ombre d’un arbre –dont je ne saurais donner le nom exact- dans une espèce de trêve d’idées ingénieuses, d’évaporation d’esprit. Tes yeux suivaient les quelques moutons de nuages qui faisaient mon ultime bonheur, et je devinais à tes sourcils légèrement froncés que tu y lisais une histoire fraichement sortie de l’imagination de l’éternel enfant que tu étais. Je suivais les formes abstraites que tu décrivais dans le ciel, comme si toi aussi, tu peignais la toile céleste avec comme unique couleur le marron clair de tes iris. La fatigue m’emportant, je délaissai mon ébauche d’enfant inquiet de la perte de sa chaussure et apeuré du mouvement de balancier infatigable de sa balançoire, pour m’asseoir sur l’herbe, à côté de toi. Tu ne m’as pas entendu venir, plusieurs longues et apaisantes minutes se sont écoulées et tu m’as finalement demandé, en élevant la voix parce que tu croyais que j’étais encore affairé et concentré sur ma toile, pourquoi je ne préférais pas plutôt peindre les nuages, qui selon toi, possèdent beaucoup plus de charme, de poésie et de spontanéité qu’un enfant, une balançoire et une chaussure. Je t’ai répondu, en susurrant dans ton oreille, que ma peinture portera encore plus de poésie que n’importe quel nuage car l’enfant que je peignais, c’était toi.
Je ne cacherai pas qu'à la base l'enfant est l'Enfant, et que ça m'avait fait tout drôle quand je suis retombée dessus... A l'heure d'aujourd'hui, le texte est totalement impersonnalisé.